Cours Oussoûl ul Fiqh – Numero 2

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بسم الله الرحمن الرحيم

Ousoûl ul Fiqh

Introduction aux Fondements de la Jurisprudence Islamique

[Cours 2] du frère Abou Salmane

 

Résumé de Cours : Nous continuerons dans ce cours à voir les définitions des termes importants de base se référant à la Science d’Ousoûl ul Fiqh :

 

-         Ce qu’est al Fiqh (la jurisprudence)
[L’ensemble des statuts légaux (Ahkam Shar3iya) concernant les paroles, faits et gestes de l’homme responsable, cités dans les textes du Qur’an et de la Sunnah de manière explicite, ou à défaut extraits des sources de la législation]

-         Les sources de base par lesquelles sont déduits les Ahkam Shar3iya (les jugements légaux) dont al Qur'an, as Sunnah (la tradition prophètique), al Ijma3 (le consensus), al Qiyâs (le raisonnement par l'analogie)...
 [ A savoir que la Qiyâs n’est pas une hudja (une preuve) en soit, c’est un moyen, une wassîla (une méthodologie) qui permet de faire l’effort d’interprétation et de déduire ce qui n’a pas été cité explicitement dans les textes. ]

-         Un bref aperçu des notions d'al Ijma3 qat3i (le consensus explicite), et al Ijma3 dhânni (le consensus implicite)

-         La différence entre le travail d'al Ousoûli & al Faqîh (le juriste) et leurs objets d'études respectifs.
[L’objectif d'al Ousoûli est de fournir des outils et des règles qui, une fois appliqués lors de la consultation des fondements (sources du Qur’an et de la sunnah) permettent d’extraire le contenu juridique nécessaire au Faqîh pour se prononcer sur les statuts légaux des comportements et paroles d’un individu responsable]

 

 

~ Al Fiqh ~

Il est à savoir que tout ce qui émane d’un être humain en terme de paroles ou d’actes dans le cadre de l’adoration et du comportement admet un statut dans la loi islamique : il a un hukm pour le permettre, l’interdire, le considérer comme étant makroûh ou mustahab ou le considérer comme étant obligatoire etc... Ce statut qu’admet toute parole ou action du serviteur ou d’une personne responsable dans le cadre de l’adoration ou du comportement est nommé un Hukm Shar3i : un statut légal.

 

Une partie de ces ahkam shar3iya est précisé dans le Qur’an & la Sunnah explicitement, et une autre partie n’y est pas explicitement mentionnée, mais la législation (la loi d’Allah) a mis en place des preuves et des indications avec lesquelles les préposés à l’effort interprétatif (al mujtahîd : prédisposé ou préposé pour faire un effort de déduction et d’interprétation) arrivent à en déduire les akham, peuvent se guider et concorder ainsi dans leurs choix avec la volonté divine. Les mujtahidin vont prendre en considération ces textes là et vont se retourner vers d’autres textes du Qur’an et de la Sunnah pour en déduire des ahkam shar3iya qui concerneront les paroles faits et gestes qui entrent dans le cadre de l’adoration (‘ibadat) ou qui entrent dans le cadre du comportement (al mu3amalât) du serviteur, de la personne responsable.

 

L’ensemble de ces ahkam shar3iya (les statuts légaux) déduit par ces mujtahidin concernant les dits, faits et gestes de l’homme cités dans les textes de manière explicite, ou à défaut tirés d’autres sources de la législation, constitue ce qu’on nomme al Fiqh.

 

Conclusion : le Fiqh désigne l’ensemble des statuts légaux qui concernent les paroles faits et gestes de l’homme responsable qui sont cités soit dans les textes du Qur’an et de la Sunnah d’une manière explicite, soit d’une manière implicite et dans ce cas on aura besoin d’autres procédés pour en déduire les ahkam comme par exemple al Qiyâs…

 

Connaître le fiqh ou être juriste ou être faqîh, c’est connaître ces ahkam shar3iya, cette connaissance doit d’abord se baser sur les sources du Qur’an et de la Sunnah, puis sur les autres sources de la législation. Parmis celles-ci, il y en a sur lesquelles il n y a pas de divergence comme al ijma3 al qat3i, et d’autres sur lesquelles il y a des divergences comme al ijma3 adh dhanny (le consensus implicite), ou al Qiyâs [ Bien que le fondateur mm de l’école adh dhahiliya qui est Dawud ad Dhahily ne remettait pas en cause le Qiyâs dont la 3illa (le lien causal) est manSoûsa (est citée explicitement) mais plutôt la Qiyâs dont la 3illa est mustanbata (est déduite). Puis vint l’imam Ibnu Hazm, qui a remit en question le Qiyâs que ce soit avec la 3illa manSoûsa ou mustanbata, et l’école adh Dhahiliya a pris de l’ampleur dans l’histoire et certains savants ont adhérés à cette école là. ]

 

Donc, le contenu de ces sources qui ont une signification juridique sont appelés décrets : ahkam. Ce que l’on trouve dans le Qur’an et la Sunnah et qui est lié aux actions, paroles et en général aux faits et gestes de l’individu responsable concernant les adorations ou le comportement, sera nommé ahkam shar3iya.

Les textes qui sont liés à la croyance ne constituent pas des ahkam : ce n’est pas l’objectif de l’étude du faqîh, lui ne cherche que ce qui a un lien avec les paroles faits gestes du serviteur concernant sa pratique.

 

Les sources et fondements dans lesquels les juristes puisent les statuts légaux sont le Qur’an, la Sunnah, al Ijma3 (le consensus), al Qiyâs (le raisonnement par la logique) et on aura l’occasion de développer ces points inshaAllah. [ A savoir que la Qiyâs n’est pas une hudja (une preuve) en soit, c’est un moyen, une wassîla (une méthodologie) qui permet de faire l’effort d’interprétation qui est l’ijtihâd et de déduire ce qui n’a pas été cité explicitement dans les textes. ]

Ces sources découlent toutes du Qur’an et de la Sunnah en premier lieu, car qu’est-ce qui a prouvé par exemple que al Ijma3 était une preuve ? > ce sont le Qur’an et la Sunnah.

Les autres sources découlent toutes du Qur’an et de la Sunnah.

 

Nous avons définit ce qu’était que le fiqh : l’ensemble des statuts légaux (ahkam) concernant les paroles, faits et gestes de l’homme responsable, cités dans les textes du Qur’an et de la Sunnah de manière explicite, ou à défaut extraits des sources de la législation.

 

 

~ Al Ousoûli & Al Faqîh ~

Le travail de l’ousoûli est de démontrer la validité et la valeur juridique en tant qu’argument de chaque fondement, et de rechercher les méthodes qui permettent d’extraire les statuts juridiques à partir de ces différentes sources, ainsi que les règles qui réglementent cette extraction.

Al ousouli va permettre au faqih de faire a3maliyat istinbât > extraction ou déduction des ahkam shar3iyah à partir des adilla tafSiliya.

Ex : al ousouli va tirer comme règle que l’impératif indique l’obligation (c’est une règle générale) puis le faqih va prendre des textes du Qur’an et de la Sunnah pour en tirer des ahkam shar3iya. Pour la prière de salutation que l’on fait en entrant à la mosquée, le faqih va reprendre la règle de al ousouli qui est que l’impératif indique l’obligation puis va appliquer cette règle au hadith dans les sahihayn : { ‘lorsque l’un de vous entre dans la mosquée, qu’il ne s’assoit qu’après avoir fait deux raka’t’. } > Ici nous avons aussi un impératif, donc la prière de salutation pour la mosquée est obligatoire d’après la règle générale établie par al ousouli.

 

Donc Al ousouli ne s’adresse pas aux hommes responsables pour leur montrer ce qu’ils doivent faire ou pas et leur donner des indications sur les paroles faits et gestes, lui il établit des règles générales de base et c’est le faqih qui va s’adresser à nous en appliquant les règles générales.

 

Les règles qui vont régir la signification juridique des sources (qu’est-ce qu’un texte général, qu’est ce qu’un texte 3am, qu’est-ce qu’un texte ham, qu’est-ce qu’un moutlaq, etc …) est traité dans ousoul ul fiqh.  Et d’autre part la législation par rapport à l’extraction de ces sources, la manière de l’extraire, est aussi traitée dans ousoul ul fiqh.

Ex : Si nous étions dans un pays islamique et que l’esclavage était encore d’activité, et que pour expier un péché quelqu’un veut libérer une esclave, est ce que cette esclave doit être croyante ou est-ce que libérer une esclave qui n’est pas croyante lui est permis ?

Allah subhanu wa ta3ala dit dans le verset : « libérez donc un esclave » (- al Mujadala (v3)), sans mentionner le fait qu’elle soit croyante ou non & dans un hadith le prophète a demandé à l’esclave que Mu3awiya voulait libérer : { ‘où est Allah ?’, elle a répondu : ‘fi s sama’, puis lorsqu’il lui a demandé : ‘qui je suis ?’ elle lui a répondu : ‘le prophète d’Allah’, le prophète salallah a3layhi wa Salam a alors dit à Mu3awiya : ‘libère la, car elle est croyante’ }

Est-ce que ce hadith vient restreindre le verset où Allah dit : « libérez donc un esclave » ? > Cela est étudié dans ousoul ul fiqh à la base et les règles générales que al ousouli va en tirer vont être reprises par le faqih pour te dire si oui ou non l’esclave doit absolument être croyant.

 

La science des ousoul consiste à connaître et établir les règles et les méthodes qui permettent d’obtenir les différents statuts juridiques à partir de leurs fondements.

Les ousoul vont nous apprendre par exemple : comment extraire ces ahkam shar3iya à partir des sources (qur’an, sunnah, ijma3, qiyâs, etc ..), quand est ce que al ijma3 est une hujda et quand est-ce qu’il n’est pas une preuve, est-ce que l’ijma3 as suqûti est une hudja, si oui est-ce qu’il est une hudja qat3ya ou une hudja dhanniya (certaine ou bien probante : qu’on suppose majoritairement être vraie), dans quel cas est-il une condition que l’ensemble des mujtahidîn s’exprime ou dans le cas où une partie s’exprime et l’autre garde le silence est ce que c’est une hudja ou non ? Dans quelle catégorie d’ijma3 cela rentre ? Admettons que tout les mujtahidin se mettent d’accord sur une chose mais qu’ils ne sont pas morts, est ce que le moment où ils se sont mis d’accord est considéré comme étant un ijma3 ou non ? > Toutes ces choses là sont étudiées dans Ousoûl ul fiqh.

 

 

L’objet de recherche pour le fiqh sont les paroles, les faits et actes d’un être responsable (celui qui a atteint l’âge de puberté tout en étant doté de raison, sans handicap mental), par rapport aux statuts légaux qui lui sont attribués, le fiqh ne s’intéressent pas aux règles générales, et aux règles de base.

Ainsi le juriste étudie à titre d’analyse le commerce, les finances, les prières, le Siyâm pour en décider et fixer des statuts légaux respectifs.

 

L’objet de recherche pour les ousoul concerne les fondements de base de la législation et leur validité et qualité juridique, ainsi que ce qui en découle de façon global. Al ousouli analyse par exemple al Qiyâs (l’analogie) et détermine les mesures dans lesquelles il peut être une source de législation, et plus précisément une source de déduction.

Al sheykh ‘Umar Mahmoud abou ‘Umar dans son introduction Muqaddimatu l ousoul ul Fiqh a exposé un point : Le Qiyâs n’établit pas de hukm en soit (qui sont déjà présents dans le Qur’an & la Sunnah) mais c’est un procédé qui aide à établir les ahkam, qui nous facilite l’action d’extraire le hukm shar3i à partir du dalil tafSîli (spécifique à un cas donné). « Et Nous avons fait descendre sur toi le Livre, comme un exposé explicite de toute chose (…) – an Nahl (v89).

Par exemple al ousouli cherche ce qui peut spécifier un décret global (hukm al 3am), il recherche  les significations juridiques de l’utilisation de l’impératif dans un texte issu du Qur’an et de la Sunnah.

 

 

L’objectif du Fiqh est de se prononcer sur les statuts légaux des comportements et paroles d’un individu responsable. C’est la référence du juge lors de son jugement et de tout être légalement responsable pour connaître le point de vue de la religion concernant ses paroles, faits et gestes.

 

L’objectif de Ousoûl ul Fiqh est de fournir des outils et des règles qui, une fois appliqués lors de la consultation des fondements (sources du Qur’an et de la sunnah) permettent d’extraire le contenu juridique.

 

Donc : Qui va faire ce travail d’extraction, d’instinbat, du Hukm Shar3i présent dans les textes ? > al Faqîh.

Qui va fournir et établir les règles et principes généraux nécessaire à l’extraction de ces ahkam ? > al ousouli

 

Les règles et méthodes des ousoul permettent de comprendre les textes légaux du Qur’an et de la Sunna, ainsi que leur signification juridique (hudjiya), elles permettent d’ôter l’ambiguïté qui peut entourer certains textes, et règlemente la priorité de certains textes par rapport aux autres en cas de conflits apparents (at tahârud).

A l’aide des règles des ousoul, on peut extraire des statuts juridiques par analogie (al Qiyâs) car on va connaître les règles du Qiyâs lorsqu’il est applicable ou pas, lorsqu’il est en vigueur, quels en sont les piliers, on va apprendre que ces piliers sont au nombre de 4 [ a- al asl : la question de base ; b- al far3 : la question nouvelle sur laquelle il n’y a pas de hukm connu explicite ; c- al 3illatu jami3a : la cause commune entre le premier et le second sujet ; d- al hukm shar3i : le statut légal qui est le fruit du qiyâs ], à la suite de cela on va apprendre quelles sont les conditions d’un asl : quelles sont les conditions pour qu’elle soit valable pour une démarche de Qiyâs, quelles sont les conditions du far3, et de al 3illa… > Tout cela, on l’apprendra dans ousoul ul fiqh et non pas dans le fiqh.

 

Ex : La langue arabe peut servir d’exemple entre fiqh et ousoul ul fiqh : pour préserver cette langue des déformations qui peuvent l’atteindre à travers sa vaste pratique par des peuples qui ne l’ont pas à la base comme langue d’origine / maternelle, et pour préserver aussi la législation islamique de toute mauvaise compréhension de ses sources (dont le Qur’an : le livre de la langue arabe par excellence), il fût impératif de mettre en place des règles grammaticales protégeant la structure de la langue, ainsi que sa compréhension. Pour construire les règles de grammaire, il a fallut examiner des références authentiques, telles que le Qur’an, les hadith, et les anciens poèmes ou discours, tels que le langage des bédouins ayant très peu fréquentés les peuples non arabe. (cf : Hudhayl que l’imam ash Shafi3i a longtemps fréquenté, et qui faisait partie des plus éloquents parmi les arabes).

Cette initiative fût déjà entreprise à l’époque du 4ème khalif Ali ibnu abi Talib, lorsque Abu Aswad ad Du’ali fût surpris d’entendre sa fille commettre une erreur grammaticale, à partir de là les règles de grammaire furent établis pour protéger la langue (rappelons  cependant, qu’il y a une divergence sur l’authenticité de ce récit et sur le fait que ce soit la cause de la demande d’Ali ibnu abi Talib à Abu Aswad d’établir les règles de grammaire).

A travers un examen approfondit des textes de la langue arabe, qu’on peut appeler ‘fondements’ ou ‘sources’ de la langue arabe, la grammaire arabe fût construite.

> Il a fallût donc revenir au Qur’an, à la Sunnah, au langage des poèmes avant l’islam, et au langage des bédouins qui n’avaient que très peu de fréquentations avec les peuples non arabe. A la suite de cela pour savoir si une personne parle correctement ou non, il faut en revenir à ces principes de base.

Un ousouli par rapport à la langue arabe serait quelqu’un qui connaît en même temps les règles de la grammaire et les méthodes utilisées pour extraire cette grammaire des textes d’origine (il établit les règles).

Alors qu’un juriste serait quelqu’un qui, en utilisant les règles de la grammaire, serait capable de donner une  description correcte d’une situation, d’un évènement, qui se déroule devant lui (il va faire un exposé d’une manière convenable en respectant toutes les règles que al ousouli a établit)

 

Cours 3

Publié dans Ousoûl ul Fiqh

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